Compositions

À MOI de JEREMY LEON

À moi!
À quoi?
Ahurissement, un
cri, libéré dans le néant, on lui permet de courir.
Courir
à quoi, bon?
Un songe offre bien meilleur repos.
Chien bleu, chien bleu, viens me sauver
sinon quoi une bête de la nuit viendra tôt me chercher.
La nuit me hante, me sauve, 
elle me caresse.
Du jour, je suis libre, de toute sa
duresse.
À moi!
À quoi?
Au songe de la nuit, la nuit qui tue, qui libère, qui anéantit enfin. 


À moi de Jeremy Leon est un texte décidément surréaliste où on peut retrouver les thèmes du rêve, de l’inconscient et de l’imagination, où on peut déceler des teintes surnaturelles. De plus, son manque de structure et l’irrégularité de ses vers l'établissent tout à fait comme un poème surréaliste qui ne cherche pas à établir le contenant de l’art, mais le contenu. 


Du côté de la forme, ce texte est très précis sur la séparation de ses vers. Leur division semble délibérée, des pauses étant imposées au lecteur, créant parfois des double-sens, tels 

<Courir
   à quoi, bon?>
ou alors
<Du jour, je suis libre, de toute sa
  duresse>
Ce texte donne certainement l'impression de vouloir être lu pour être lu, la sonorité de ces vers et les rimes occasionnelles présentes pour agrémenter sa musicalité. 

Du côté des figures de style, ce texte n'en manque certainement pas. Que ce soit par les nombreuses personnifications à l'égard d'un cri, d'un songe, de la nuit et du jour, ou alors par les gradations de verbes utilisés au sein de celles-ci, nous percevons clairement que l'auteur à fait un effort conscient pour humaniser des concepts abstraits, afin de déshumaniser le lecteur. En plongeant son auditoire ou son lectorat dans un univers où des concepts comme le jour et la nuit sont tout aussi réels que le sol sur lequel on crapahute, il plonge décidément dans un univers on ne peut plus surréaliste. L'intertextualité fait aussi une présence remarquée avec une référence au conte pour enfants "Chien Bleu".


Leon, dans ce poème, crée vraiment une expression pure, de la pensée directe retranscrite sur papier. Son poème me fait penser à cette définition de la poésie, de William Shakespeare:


"La poésie est cette musique que tout homme porte en soi."




Canaan 

Danny (Zhou Yu) Xie

Dehors, enseveli, tout semblait s'étouffer,
La nature débutait son hibernation,
Se promenait au loin un garçon cajolé,
Témoin de l'amour, d'une ineffable affection.

Paradis terrestre, utopie perpétuelle,
Havre où il fait bon vivre, la terre promise,
Ô combien de générations, comme Moïse,
T'ont vénéré, te doivent une fière chandelle.

Terre d'espoir et anse de sérénité,
Quelle douleur c’est de savoir, réaliser,
Que malgré mes rêves et mes avides ambitions,
Tu m'échapperas, tel un malicieux saumon.

Analyse:

Ce poème est composé de 3 quatrains en alexandrins. Par contre, ce ne sont pas tous les vers qui possèdent une césure en leur milieu.

J'ai utilisé des mots au vocabulaire un peu plus poussé comme ineffable (qui ne peut être décrit par des mots) et utopie (vision politique et sociale idéale, très loin de la réalité) pour permettre de mettre l'emphase sur l'évasion et la rêverie, cet univers si parfait, mais en même temps si difficilement accessible.

Ce poème raconté l'histoire d'un homme dénué d'amour. Il s'endort un soir et rêve à un nouveau monde, sa terre de Canaan. Dans ce monde, tout est parfait, c'est l'utopie perpétuelle, le paradis sur terre. L'homme rêve en espérant qu'un jour, il pourra quitter sa société, son monde désolant pour s'évader.

Dans la première strophe, il voit au loin un enfant qui est cajolé, témoin de l'amour et d’une ineffable affection. Cet enfant, représentant la vie et la jeunesse ainsi que l'innocence et la joie, agit comme la face du monde visible. Il est témoin de la beauté du rêve. Contrairement à l'homme qui rêve, celui-ci vit dans un monde rempli d'amour et d'affection. Le contraste peut de plus symboliser le fait que le personnage se sent vieux, qu'il veut revenir dans ses beaux jours d'antan et ainsi retrouver toutes les qualités (mentionnées au-dessus) que l'enfant arbore.

Dans la deuxième strophe, le personnage procède à une description encore plus poussée du monde en question. Il le décrit comme la terre promise, Canaan, que Dieu a donné aux Israélites. Bibliquement, cette terre représente tout ce qu'il y a de bon, l'amour, la nourriture abondante et tout ce qui peut possiblement combler un homme. Il y a par la suite même une référence à Moïse qui a illustré ce lieu mythique à maintes reprises dans la Bible. Cependant, Moïse n'a jamais pu entrer dans ce paradis, car il avait douté de Dieu en frappant la roche deux fois pour obtenir de l'eau et c'est identique dans ce poème: le narrateur n'y entrera jamais, faute de son réveil.

Pour la dernière strophe, l'auteur se réveille et réalise que toute cette beauté qu'il avait vue n'était qu'un rêve. Il compare cet échec à un saumon qui lui échappe, car ce dernier nage à contre-courant et c'est donc très difficile, voire impossible de l'attraper sans l'aide d'outils spécialement conçus à cette fin.

Pour ce qui en est des figures de style, il y a une gradation qui s'étend sur deux vers pour décrire l'amour. Ex : «Se promenait au loin un garçon cajolé, Témoin de l'amour, d'une ineffable affection.»

Ensuite, un peu plus loin, il y a une personnification de la terre qui échappe à l'auteur tel un saumon. (Signification expliquée un peu plus haut.)



Il y a finalement des métaphores pour comparer «paradis terrestre, utopie perpétuelle,» sans terme de comparaison ou mot-outil.


Temps

Chaque jour, chaque heure, chaque minute, tic
Nous entendions ses battements mystérieux. toc
C'est pendant ses cent siècles sanglantes, tic
Que nous voulions sans cèsse moin v pl'entendre. toc

C'est avec cette couverture qui nous fait voyager, tic

Que nous entendions ses battements silencieux, toc
Rêvant d'un pays sans armées, tic
Un monde sans , sans ses dieux. toc

Ses sons au ralentis, tic

Létale comme des balles, toc
Ne pardonne pas, ne font pas marche arrière. tic

Après combien de cliquetis, toc

Est ce que l'horloge s'arrêtera?
L'horloge ne change pas, mais sommes-nous des horloges?


Dans ce poème irrégulier, Je fais une relation entre une horloge et la guerre, les cliquetis avec les sons des fusils. Donc comme l'une des caractéristiques principaux du symbolisme, j'ai fait en sorte que l'objet concret est l'horloge et l'univers caché (non nommée), la guerre.



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